veynus ; « Not the least of scores »

- Alors, vous savez comment ça fonctionne je suppose ? Je vais vous poser des questions auxquelles vous répondrez le plus honnêtement possible.

Je me redressai sur mon siège. Est-ce que ce journaliste était en train de me prendre pour une abrutie ? Je commençais à me le demander sérieusement. Pourquoi avais-je accepté cette interview déjà ? Pour ma mère sûrement … Toujours est-il que ce soi-disant journaliste venait de me demander si je savais bien en quoi consistait une interview. Ce à quoi je répondais donc sans hésitation.

- Oui merci je sais encore en quoi consiste une interview !
- Bien … Alors, rappelez nous pourquoi vous êtes ici.

Je levais les yeux au ciel le plus discrètement possible. La cause de ma venue ici ? Ma mère. Je ne m'étais jamais réellement bien entendu avec elle, et pourtant je faisais encore ça de plus pour elle. Une énième interview avec toujours les mêmes questions, toujours les même réactions. Mais il s'agissait de ma mère tout de même, alors même si nos liens se détérioraient de plus en plus, je pouvais bien faire ça. Elle m'avait nourrit, elle m'avait surtout donné la vie, alors bon … Mes amis me disent trop raisonnables d'accepter tout cela, et ils ont peut-être raison. Je baissais les yeux vers l'homme qui attendait toujours que je prenne la parole, ce que je fis donc.

- Je suis ici parce que ma mère est Audrey O'Connor. La célèbre actrice Audrey O'Connor.
- Bien, mais avant tout nous aimerions en connaître un peu plus sur vous. Car il me semble que vous-même, vous débutez une carrière artistique ?
- Oui c'est exacte. Je suis violoncelliste.
- Alors Veynus, et si vous nous parliez de votre vie ? Si vous nous expliquiez comment vous êtes arrivée jusqu'ici. Nous aimerions connaître votre enfance, adolescence et tout ce qui va avec.

Je haussais les sourcils, signe de mon incompréhension. C'était la première fois qu'on me demandait de parler de moi ainsi, comme si l'article allait parler de moi. Ce qui était peut-être le cas d'ailleurs. Après une brève hésitation, je me lançais donc, tout en prenant la décision de dire véritablement ce que je pensais et non mettre ma mère sur un piédestal comme j'étais sensée le faire.

- Je suis née à New York, j'ai toujours vécu là bas d'ailleurs. Il s'agit de la ville de mon enfance … c'est ma ville favorite. Ma mère était déjà connue à ma naissance. Alors je ne vais pas vous mentir, le fait d'avoir du mal à arrondir les fins de mois, je ne connais pas. A quatre ans, mes parents décident de m'inscrire à un cours de violon. Je vais sûrement vous fournir le scoop de votre vie là, mais ma mère n'a jamais voulu devenir actrice, elle voulait être violoniste professionnelle. C'est pourquoi elle voulait que j'accomplisse son rêve. Sauf que j'ai préféré accomplir le mien. J'ai détesté le violon, et l'année suivante, mon père à pris l'initiative de me faire faire du violoncelle. J'étais mauvaise au début, comme j'étais mauvaise ! Puis j'ai eu dix ans. Et mon père est mort. Comme ça, cancer fulgurant, en deux mois il était parti. Je me suis donc mis sérieusement au violoncelle, plus pour mon père que pour moi; il était le seul qui ait jamais cru en moi. Bientôt, on me qualifiait de virtuose. Je n'ai jamais vraiment eu de bonnes notes pour être honnête, enfin juste pour faire ce que je voulais. A quinze ans, les liens que j'entretenais avec ma mère n'ont fait que de se détériorer. Et peu après nous ne nous parlions que pour les banalités d'usage, « il manque du shampoing, il faudra en racheter » ; « bon Veynus, je suis pas là ce soir, je sors ». Oui, ça surprend. Quand on sait combien de fois j'ai vanté ma mère. Mais que voulez-vous, ma mère c'est ma mère, mais à un moment on craque. Mon moment c'est aujourd'hui. A mes dix-huit, l y a quelques mois, ne supportant plus ma mère, j'ai emménagé pas loin d'ici, dans un appartement à moi. Mais chez moi est encore trop près de chez elle alors j'ai décidé de partir pour une petite ville, OTH. J'ai des contrats dans le coin et je donnerai des concerto.